Les origines romaines de La Tronquière
L’origine de La Tronquière remonterait à l’époque gallo-romaine en raison de son emplacement le long de la voie romaine reliant Cahors (Lot) à Gergovie (Puy-de-Dôme). Ce relais créé par les Romains portait le nom de Trunci ou Truncus, car il faisait référence à un endroit très boisé. Plusieurs vestiges demeurent visibles à Latronquière comme des bornes miliaires ou la voie romaine.
Dès la fin de l’Empire romain (ve siècle après J.-C.), la région de La Tronquière est ravagée par les invasions barbares. Par la suite, les moines des abbayes d’Aurillac et de Figeac viendront installer de nouvelles populations pour défricher et rendre cultivable la contrée.
Le château médiéval de La Tronquière
La plupart des châteaux féodaux du Moyen Âge ont été rasés à la Révolution ou bien sont tombés en ruine : La Tronquière n’y fait pas exception. Le château de La Tronquière existait déjà au xiie siècle et était à l’origine la demeure d’un baron. Il devint par la suite la demeure des commandeurs de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem puis de Malte à la suite de la fondation de la commanderie de La Tronquière vers 1255. D’après un dénombrement de 1750, le château était constitué de trois tours rondes et d’un donjon entourés de fossés et de remparts, ainsi que d’une chapelle qui devint église paroissiale jusqu’en 1880 après destruction de l’église Saint-Jean-Baptiste. Cette chapelle fut détruite et remplacée par l’église actuelle, consacrée également à saint Jean-Baptiste. L’emplacement du château, définitivement détruit par les révolutionnaires, est connu et une ferme dont certaines parties remontent à l’époque médiévale en marque l’emplacement (rue André-Malraux).
La commanderie
Du 13e siècle à la Révolution, l’histoire de La Tronquière et d’une grande partie du Haut-Ségala se confond avec celle de la commanderie de l’ordre qui y a existé. La commanderie des Hospitaliers à La Tronquière relevait du grand prieuré de Saint-Gilles, de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Elle semble avoir été fondée avant 1230. C’est à partir de 1260 qu’un religieux portant le nom de « commandeur » est chargé de la surveillance et de l’administration des biens des Hospitaliers. Le nom de « commandeur » vient du fait que lorsque l’un de ces administrateurs est nommé, le grand maître de l’ordre commence sa décision par « Commendamus » (nous vous recommandons).
Les premiers religieux de l’ordre de Malte qui ont habité à La Tronquière portent la robe et le manteau noirs ornés de la croix blanche à huit pointes. À l’époque médiévale, le château, situé à sept lieues de la ville la plus proche, connaît une vie intense et un rayonnement important aux alentours. Après les croisades, il perd de son importance ; chevaliers et novices désertent le château. Le commandeur reste seul, puis à son tour quitte les murs pour s’installer à Malte ou Toulouse et installe à sa place un intendant. Au xviie siècle, le commandeur réside parfois au château, au début du xviiie, il y fait quelques courtes apparitions, mais à partir de 1750, il n’y vient plus… De 1250 à 1792, on recense à l’heure actuelle 39 commandeurs de La Tronquière, dont deux sont devenus grand-commandeurs de l’ordre de Malte.
Les dépendances principalesde la commanderie étaient les hôpitaux de Castelnau de Prudhomat et de Drulhes en Rouergue ainsi que les paroisses de Gorses et de Bouxal. D’autres dépendances empiétaient sur les paroisses alentours. L’ensemble du territoire fut délimité en 1745 par seize bornes en pierre gravées chacune d’une croix de malte en relief. En 1892, seules quelques-unes existaient encore…
Une région éprouvée par les guerres de Cent-Ans et de Religion
Au cours de la guerre de Cent-Ans, au xive siècle, la région de La Tronquière est occupée. Le Quercy sera définitivement cédé aux Anglais par le traité de Brétigny en 1360. La Tronquière restera sous domination anglaise jusqu’au tout début du xve siècle. La population refusant de vivre sous domination anglaise, de nombreux souterrains parcourent toujours les sous-sols de la région…
Épisode marquant pour le territoire, La Tronquière ne résiste pas à la propagande des nouvelles idées de Calvin. Des luttes farouches s’ensuivent, accentuant les ruines et les dévastations accumulées de la guerre de Cent-Ans. À partir de 1558, les gens du peuple de La Tronquière sont entraînés dans l’hérésie huguenotte. L’église Saint-Jean-Baptiste sera rasée, sans en laisser une seule fondation. La Tronquière deviendra un point de ralliement des huguenots guerroyant aux alentours. En 1598, l’édit de Nantes calme les esprits et voit l’installation d’une des quinze églises réformées du Quercy à La Tronquière. Cependant, en 1633, les protestants de Latronquière se virent interdire d’élever un temple, la région étant soumise à l’ordre de Malte. Dès lors et jusqu’au xviiie siècle, le protestantisme disparaît peu à peu de la région de La Tronquière.
La Tronquière à la Révolution
À la veille de la Révolution, la plupart des seigneurs avaient quitté leurs manoirs, leurs affaires étant gérées par des fondés de pouvoir. Les chefs des communautés rurales, appelés « consuls » au Moyen Âge, n’avaient conservé de leur rôle d’administrateur que les fonctions de collecteur d’impôts et d’agent d’exécution des décisions de l’Intendant touchant la Milice et l’impôt. Le commandeur de l’ordre de Malte à La Tronquière possédait quant à lui le droit de haute, moyenne et basse justice sur tout le territoire de la commanderie.
Durant les trente années précédant la Révolution, une succession de mauvaises récoltes et d’intempéries contribua à un appauvrissement de la région et un épuisement des récoltes. Ce sera la bourgeoisie moyenne, composée d’avocats, de notaires, de médecins, de fermiers de biens nobles et d’église, qui prendra la tête du mouvement révolutionnaire.
La Tronquière fut érigée en chef-lieu de canton en 1790 par l’assemblée constituante. Durant la Convention (1792-1795), les églises sont fermées et deviennent les temples du culte décadaire. La chapelle de la commanderie de La Tronquière est l’objet de cette transformation : les croix sont supprimées, la sonnerie des cloches prohibée. Par la suite, la Terreur ne semble pas avoir fait de victimes sur le territoire, mis à part des arrestations et déportations de prêtres réfractaires au serment civique.
C’est le 11 mars 1796 que l’administration municipale du canton décidait la création de l’école de La Tronquière. Tout d’abord, c’est l’ancien presbytère qui est choisi pour servir d’école, mais ce bâtiment, mal entretenu depuis le départ des prêtres, a besoin d’importantes réparations. Les écoles étaient ouvertes chaque année du 21 octobre au 20 septembre. Toutefois, elles pouvaient être fermées dès le 18 juin dans les campagnes, sur autorisation.
La loi du 17 février 1800 relative à la proclamation du Consulat viendra supprimer les municipalités du canton.
Le consulat et l’Empire
Les 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799), Napoléon Bonaparte renverse le Directoire et prend le pouvoir. La Tronquière perd son titre de chef-lieu de canton au profit de Gorses qui était avant le Révolution le lieu de congrégation ecclésiastique de la région. En août 1818, La Tronquière redevient chef-lieu de canton, la commune de Gorses n’étant pas assez importante. Sans trop avoir souffert, les églises sont rendues au culte ; seuls les ornements et le mobilier ont disparu.
Seconde guerre mondiale - la rafle du 11 mai 1944
Dès le mois de mai 1944, des régiments de la division Das Reich investissent plusieurs villages espérant débusquer résistants et maquisards. Latronquière n’y fait pas exception. C’est à 6 h 30 du matin en ce 11 mai 1944 qu’une partie du régiment aboutit à Latronquière. Des maisons sont pillées, brûlées et quarante hommes parmi la population, après violences, sont arrêtés et déportés au camp d’internement de Compiègne puis vers les camps de la mort en Allemagne. Quinze d’entre eux n’en reviendront pas. Le chemin de croix exécuté par l’artiste Pierre Delclaux (1933-1993), visible dans la nef de l’église de Latronquière, perpétue le souvenir de ce dramatique événement.